Joel n'est pas là, et tu n'es même pas sûre qu'il rentre dormir. En représentation hors de Brisbane, tu avais cru comprendre qu'il ne reviendrait que le lendemain — et ça te laissait dans tous les cas l'appartement à toi seule pour la soirée. T'as mis la musique légèrement trop fort, tu chantes sans trop te soucier des voisins, et tu en es déjà à ta troisième bière. Tu as installé ton petit chevalet dans un coin, inconfortablement assise sur le parquet de l'appartement pour peindre ce qui te passe par la tête. Tu serais mieux debout, mais tu t'en fous.

Tu entends les coups à la porte au travers du boucan, et tu te demandes tout d'abord s'ils sont vrais. Tu tends le bras pour baisser le volume de la chaine hi-fi, attends un peu — et ils reprennent. Tu arques un sourcil. Tu n'attends personne, et Joel t'aurait dit si quelqu'un devait passer. Tu penses au fait que ton téléphone est dans ta chambre, et que tu ne serais même pas au courant si on t'avait invitée à sortir, ou informé qu'on passerait. Trop spontanée pour penser aller vérifier, tu te lèves pour jeter un coup d'oeil au judas. Sehun est là.
Qu'est-ce qu'il fout là ?
Ça te fait plaisir, pourtant. Tu souris, les papillons encore coincés dans le ventre, et tu ouvres la porte. Tu as regardé trop vite pour remarquer sa mine préoccupée, anormalement fermée. Et tu ne prêtes pas assez attention à son humeur pour qu'elle t'alarme. Sehun va toujours bien, ces jours-ci.
Non ?

« Well hey there handsome. Weren't you supposed to work late? » Tu t'écartes déjà de la porte pour lui tourner le dos et le laisser rentrer. Trop dans ton monde pour réellement te soucier de ce qui l'amenait. Ou de l'aura noire qu'il dégageait.
Time has come for you to pay.